Si si, vous avez bien lu, il y a des crustacés sous les pierres de votre jardin ! C’est en effet à ce sous-embranchement des arthropodes - les crustacés, donc - qu’appartient le cloporte. Qui est-il ? Quel est son mode de vie ? À quoi sert-il et pourquoi le protéger ? C’est ce que vous apprendrez dans cet article.
Le cloporte, ce crustacé qui vous veut du bien !
Connu (ou pas) sous la dénomination de “cochon de Saint Antoine“ ou encore “porcellion”, cette bébête n’est pas un insecte, mais un crustacé terrestre de la famille des Oniscidea. C’est une petite crevette, non comestible pour les humains (au cas où vous seriez tentés par l’expérience, bien sûr !) et dotée de 7 paires de pattes. On en compte 160 à 200 espèces en France, dont l’Aselle des murs (Oniscus asellus), de loin le plus connu sous nos latitudes. Il respire avec des branchies, comme ses cousins d’eau de mer. Claudio - appelons-le ainsi pour la suite, c’est bien plus simple - va se reproduire à partir du printemps, comme beaucoup d'espèces animales. Madame transporte ses œufs dans une poche ventrale, comme les kangourous, pendant un mois et demi. Claudio et Madame auront ainsi 2 à 3 portées dans l’année et une bonne vingtaine de petits à chaque portée. Une fois parvenu à l’âge adulte, il mesure 1,5 cm de long, possède un exosquelette dur et segmenté, que le cloporte commun, contrairement à son cousin le cloporte rugueux, roule en boule tel le hérisson s’il sent un danger. D’une couleur variable selon les espèces, il mue fréquemment au cours de son existence, entre deux et quatres ans, menacée par les crapauds, les lézards, les carabes... En outre, il est un matériau de choix pour les nidifications des oiseaux, à cause de sa carapace composée notamment de calcaire. En somme, Claudio est très utile, car il attire ses prédateurs dans votre jardin et favorise l’essor de la biodiversité.
Comme il préfère les lieux frais et humides, vous ne le croiserez pas en train de gambader dans les herbes hautes de votre jardin. Il préférera se nicher sous les pierres, dans votre compost, dans le paillis ou dans des morceaux de bois mort, voire dans des serres bien humides. Il est lucifuge, c'est-à-dire qu’il déteste la lumière, qui exerce sur lui un pouvoir dessicant. Il sort donc manger en ondulant la nuit, lorsqu’il fait bien noir et que les températures sont les plus basses. En hiver, il hiberne tranquillement, à l’abri du gel. Il est un bio-indicateur de la santé de vos sols, si vous n’en voyez pas, peut-être que votre terre est polluée par des métaux lourds : Claudio a le plomb en horreur et cette spécificité en fait un allié de poids pour tester la dépollution d’un site contaminé.
Dans votre jardin, que mange Claudio le cloporte ?
Détritiphageet nettoyeur, il se délecte des matières organiques végétales en décomposition (feuilles mortes, champignons, bois mort ou fruits pourris tombés de l’arbre). Il dégustera les insectes morts (lombrics, fourmis) qu’il croisera pendant ses balades nocturnes.Et si vraiment il ne trouve rien à se mettre sous la dent, il se rabattra sur des végétaux vivants, tiges ou racines.
Pas de panique si vous repérez Claudio dans votre compost, c’est bon signe !
Les cloportes sont en effet des accélérateurs de décomposition. En digérant les matières organiques mortes, ils activent leur décomposition et leurs déjections vont enrichir la terre en azote. Membres du réseau trophique, Claudio et ses copains participent à l’entretien de votre compost mais aussi de votre jardin, en nourrissant, aérant et en retournant le sol. Si vous avez repéré des cloportes dans votre compost, c’est un signe qu’il est suffisamment humide. Par contre, s’il vous faut le remuer pour les trouver, c’est qu’il n’est pas assez humide pour eux, arrosez-le un peu pour activer leur action. Dans votre jardin, ses déjections créent des fertilisants naturels qui sont bons pour vos plantes. En résumé, Claudio joue un rôle primordial dans le recyclage des petits débris végétaux et il contribue à la fabrication de l’humus, essentiel à la fertilité d’un sol.
Pourquoi Claudio et Madame ont-ils décidé de venir squatter votre maison ?
S’ils sont très utiles en extérieur, on peut les qualifier de nuisibles lorsqu’ils élisent domicile en intérieur. Ils vont s’installer dans la cave humide, le vide sanitaire, bref, partout où ils trouveront humidité et obscurité, avec des déchets organiques, des moisissures dont ils pourront se nourrir. Cela peut être pour vous le moment de vous demander si le taux d’humidité de votre maison n’est pas trop élevé. Et donc assainir votre logement. Pour les chasser sans les tuer, vous pouvez utiliser des huiles essentielles, comme celle de margousier, qui agira comme un répulsif, ou passez un coup de terre de diatomée. Si vous n’êtes pas fan des HE, placez une pomme de terre vidée et crue dans le(s) endroit(s) infesté(s). Ils viendront s’y installer et après, vous n’aurez plus qu’à les transporter et les déposer dans votre compost.